Biographie

Peintre de la rumba

Dans les années 2000, Lubumbashi développe la créativité de ses artistes. L’académie des Beaux-Arts, dirigée par Séraphine Mbeya, accueille de nombreuses formations et bénéficie de multiples soutiens du maire de la ville, du gouverneur, mais aussi de monsieur et madame George Arthur Forrest. Ceux-ci créent l’ASBL « Dialogues » et favorisent les initiatives croisées entre l’académie de Lubumbashi, l’académie de Namur, le Musée royal de l’Afrique centrale, aujourd’hui appelé Africa Museum. L’artiste plasticien Aimé Mpane réalise à cette époque plusieurs formations de qualité et initie notamment les élèves et professeurs à l’utilisation du brou de noix ; spontanéité et anticonformisme caractérisent les ateliers successifs et renouvellent le contenu et la forme des expositions. 

Dans cette pépinière d’artistes se distingue Thonton Kabeya. Né à Lubumbashi le 15 mai 1983, Thonton grandit et étudie dans cette ville. Au fur et à mesure de multiples expositions et résidences, il acquiert une renommée internationale : Lubumbashi, Kinshasa en RDC ; Liège en Belgique (Yambi) ; Cape Town, Johannesburg, Franschoek en Afrique du Sud ; Bilbao, Vitoria en Espagne. Thonton Kabeya est aujourd’hui une des personnalités clefs de  l’art congolais.

Depuis des années, l’artiste pratique inlassablement le dessin d’après nature, croque une expression, une attitude, un mouvement. Dans les années 2000, son oeuvre traduit les difficultés des enfants malmenés par la vie et laissés à la rue : sur la toile, de beaux visages d’enfants et d’adolescents livrés à eux-mêmes, aux regards affamés, se présentent au spectateur et invitent à agir, ou tout au moins à réfléchir. Du brou de noix et des pigments blancs se diluent comme des larmes sous la pluie en effets délavés. Kabeya reprend alors les paroles de Martin Luther King : « il faut apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon on mourra ensemble comme des idiots ».

Thonton vit aujourd’hui à Johannesburg, dans le quartier de Melville. Les jeux quotidiens des enfants et la rue – là où se rassemblent les communautés pour échanger en toute convivialité –, les salons de coiffure, les restaurants, les boîtes de nuit, les espaces publics… l’inspirent.